Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon

Une vie d’organiste de la cathédrale…

Orgue de choeur de la cathédrale de Dijon

Parler de moi, évoquer une carrière à son crépuscule, au cœur de cette tribune fascinante du Grand-Orgue de la cathédrale, m’est assurément un exercice inédit, une mise à nu qui risque fort de heurter ma pudeur sauf à répondre de bonne grâce à une sollicitude bienveillante de notre cher Curé, mon grand ami, le Père Didier GONNEAUD.
Aujourd’hui, quelques 48 années durant, à honorer le paraphe vocatif de Johann Sebastian BACH « Soli Deo Gloria », « À Dieu seul la gloire ».
Tout d’abord organiste assistant jusqu’en 1993 à jouer déjà un tiers des offices.
De 1993 à 2018, pour la première fois la tribune se dote de 2 organistes.
2018 – 2021, 3 titulaires.
Et aujourd’hui, le partage d’un titulariat avec mon confrère et ami Frédéric MAYEUR, en un accord parfait Majeur, une symbiose et une sérénité qui m’incitent à jouir encore de quelques années, les plus belles à ces claviers si aimés, tant touchés.

Frédéric MAYEUR et Yves CUENOT
Frédéric MAYEUR et Yves CUENOT

Bien au delà de centaines d’offices dont aucun ne ressemble à son suivant.
D’une messe du Temps Ordinaire aux grands offices solennels et autres cérémonies d’apparat et officielles.
A l’abri d’une moindre lassitude ou routine qui ne relèveraient que d’une fonction strictement professionnelle. Mais bien plutôt l’insigne mission d’être un acteur, j’ose un concélébrant liturgique, celui qui donnera le ton à l’office qu’il aura introduit alors par un prélude sur l’Introït, celui qui l’aura conclu par un envoi dans un déferlement d’ondes sonores invisibles et irradiantes, énigme de cet instrument qui, dans son immobilité impressionnante, irréelle, hiératique, pour d’aucuns inquiétante, fera chanter le chœur des voûtes séculaires, du plus recueilli lors d’une méditation ou une communion, au plus déchaîné pour une sortie.
Le Grand-Orgue de la cathédrale, si intime et familier, ne laisse pas de me susciter une inspiration de tous les instants, une émotion profonde, un émerveillement renouvelé.
Il est pour moi, comme une Trinité qui subit aujourd’hui une cure de jouvence.
J’aurai en effet joué l’orgue de 1955 puis celui de 1996 et enfin celui de 2023 ; une chance unique d’avoir fait chanter 3 orgues en un !
Pas moins de 6 curés-archiprêtres, les pères Gagey, Forster, Thomas, Garnier, Gonneaud, Frot..
5 évêques et archevêques, messeigneurs Decourtray, Balland, Coloni, Minnerath, Hérouard.
3 chefs de chœur de la maîtrise, le Père Rolland, Alain Chobert, Etienne Meyer.
Et tout ce temps qui s‘écoule encore, à échanger des sourires, des poignées de mains et quelques mots chaleureux avec les fidèles.
Voilà tout ce qui aura fait de moi un quidam, musicien, au seul service de la beauté, de la spiritualité, de la prière intime à la solennité, de la survivance salutaire de nos cultes et de notre plus simple et humble présence.

Yves CUENOT, organiste titulaire.