Cathédrale Saint-Bénigne de Dijon

Les dernières nouvelles de notre grand-orgue

Grand-Orgue

La restauration de notre magnifique instrument touche à sa fin! Depuis près de deux ans, la manufacture
d’orgues Michel Jurine de Rontalon (69) qui s’est vue confier la restauration de ce monument a oeuvré en
profondeur pour redonner à l’orgue historique Karl-Joseph Riepp les lettres de noblesse que l’épreuve du temps,
mais aussi les vicissitudes dues à de multiples strates de restaurations successives avaient bien altéré.

Le grand-orgue, construit entre 1740 et 1745 par les frères Riepp, constituait à l’époque l’un des plus prestigieux
ensembles de France. Son buffet monumental est encore aujourd’hui un fleuron que les touristes ne peuvent
s’empêcher d’admirer. La partie instrumentale, caractéristique de l’esthétique classique française du XVIIIe
siècle, fut à de nombreuses reprises modifiée au cours de son histoire.

Agrandi par Richard et Tonne en 1788, l’orgue fut profondément transformé en 1848 par Ducroquet, puis par
Joseph Merklin en 1860, pour être ensuite totalement reconstruit (en conservant tout de même de la tuyauterie
ancienne) par Roethinger en 1954.

Cet instrument – malgré une vie cultuelle et culturelle intense – joué par les plus grands organistes du monde
entier, était si fatigué à l’orée des années 1980 qu’il fallu penser à le restaurer. Cela fut fait entre 1987 et 1996,
sous l’égide des Monuments Historiques, et réalisé par l’entreprise Gerhard Schmid de Kaufbeuren (Allemagne)
pour donner l’instrument que nous connaissons aujourd’hui. Cette reconstruction, résultat de nombreux
compromis, visait à restituer au mieux l’esprit du concepteur d’origine, Karl-Joseph Riepp, tout en conservant au
maximum les apports des XIXe et XXe siècles, faisant de l’orgue de Saint-Bénigne un monument sonore de 73
jeux, un des plus grands instruments de France.

Grand-Orgue

Cependant, demeuraient à l’issue de la restauration de 1996 d’importants points à conforter/améliorer. Les jeux
d’anches anciens, très altérés, n’avaient pas été restaurés conformément aux techniques anciennes et, dans leur
sonorité, ne donnaient pas satisfaction. L’orgue était extrêmement puissant, mais manquait de fondamentale et
de corps. De même, l’ensemble sonore des 6000 tuyaux, traité selon une conception très néoclassique
germanique, n’avaient pas le caractère attendu d’un orgue de cette esthétique.

Consciente de l’ensemble des points à solutionner et conforter, la manufacture Jurine a œuvré méticuleusement
pour redonner à l’instrument ses lettres de noblesse, en plusieurs étapes :
Le démontage et nettoyage intégral de la tuyauterie.
Le nettoyage de l’ensemble des structures et du monumental buffet.
La modification structurelle des sommiers accueillant les tuyaux (élargissement des perces, suppression de
sommiers déportés, etc…).
L’amélioration du fonctionnement mécanique par un réglage approfondi et des modifications structurelles.
La ré-harmonisation totale des 6000 tuyaux.
La reconstitution du grand chœur d’anches classiques, par décalage, tri, reconstruction.
La pose d’un combinateur neuf, moderne, parfaitement intuitif et fiable.

Le résultat se fait aujourd’hui entendre ! Nous sommes désormais en présence d’un instrument qui, s’il donne sa
pleine mesure dans l’interprétation du grand répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles français, permet une
ouverture sans précédent vers les autres musiques, jusqu’aux plus contemporaines ! L’orgue sonne désormais
avec une grande profondeur, et son plenum de 32 pieds, quasi unique, fait résonner la nef de saint Bénigne avec
une grande intensité. Le grand-choeur d’anches, jadis si maigrelet, vient de recouvrer sa puissance, son caractère,
et le grand ravalement au la0 (situé en dessous du do le plus grave de l’orgue) lui donne une assise gigantesque !
L’instrument sera officiellement réceptionné et le chantier achevé le 12 juillet 2023. Qu’il nous soit déjà permis
ici d’exprimer toute notre gratitude envers la DRAC de Bourgogne-Franche Comté, la manufacture d’orgues
Michel Jurine et notre expert des Monuments Historiques, monsieur Roland Galtier, pour le suivi et la réalisation
de cette superbe renaissance !

Notez d’ores et déjà que notre premier festival international, marquant l’inauguration de notre instrument
renouvelé, se déroulera entre le 6 avril et le 5 mai 2024, avec de nombreux concerts par les titulaires de la
cathédrale, de prestigieux solistes internationaux, mais aussi la jeune génération de notre conservatoire !

Frédéric MAYEUR, organiste titulaire